Prenons nos casseroles pour réclamer nos droits!

Article : Prenons nos casseroles pour réclamer nos droits!
Crédit:
25 septembre 2012

Prenons nos casseroles pour réclamer nos droits!

femmes togolaises tapant dans des casseroles
Des femmes togolaises tapant dans des casseroles

Aujourd’hui, lundi 03 Septembre. J’ai décidé de ne pas me présenter au boulot parce que je préférais le calme de mon intérieur pour pouvoir pondre des articles. Mais depuis une trentaine de minutes, rien. Je suis assise devant mon ordinateur avec une page word office désespérément blanche. Aucun mot, aucune idée ne se bouscule dans ma tête. Seul le mouvement régulier de la petite aiguille de l’horloge à côté rythmait mes idées.

Quand soudain, une cacophonie bien familière noya puis s’imposa de plus en plus forte à mes oreilles puis dans ma tête. Oui je connaissais bien ce bruit. Juste que là, il était en mode répété et beaucoup plus fort. D’habitude, c’est un bruit plus léger, subtil même, produit au passage, révélateur d’une bonne odeur, d’un plat chaud.  Oui !!! C’est bien le bruit caractéristique d’une batterie de cuisine ! Des casseroles ! Mais des milliers de casseroles  qui retentissaient joyeusement dans la rue!!!

Quelle femme pouvait bien transporter sa cuisine dans la rue ? Il est clair que j’imagine mal un homme tapant dans une casserole dans la rue.

Je me précipitai dans dehors et ce que je vis me coupa le souffle !

Toute une horde de femmes en furie, tapant dans des casseroles.  J’ai d’abord pensé à une rébellion contre le DEVOIR DE CUISINER. Ouf ! nos mamans se décident enfin à nous débarrasser de cette maudite CORVEE DE CUISINER. Parfait, dès ce soir mon frère, à toi la cuisine à moi la télé! Si j’étais mariée, s’aurais été mon tendre époux qui s’y serait collé.

Mais ma joie fut de courte durée. En lieu et place des « NOUS NE VOULONS PLUS CUISINER », j’attendais plutôt des « NOUS EN AVONS MARRE DU REGIME DE FAURE GNASSINGBE ».

C’est seulement en ce moment que je me rappelai du mot d’ordre lancé par le Collectif «Sauvons le Togo». Un concert de casseroles pour réclamer l’alternance politique et de meilleures conditions socioéconomiques. Il s’agit pour tout Togolais, selon Me Isabelle Améganvi, vice-présidente de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC, principal parti de l’opposition) de taper dans les casseroles ou tout autre ustensile pouvant faire du bruit à midi tapante, et ce, pendant dix minutes, pour exprimer le ras-le-bol des populations face au pouvoir de Faure Gnassingbé.  «Faure. Nos maris n’ont plus de travail,  Nous avons faim dans le pays », crient ces femmes au rythme des casseroles.

Mais je reste perplexe. De mes nombreuses années d’expérience en journalisme, j’ai cru comprendre que dans les mouvements féministes, les femmes ont été toujours invitées à LAISSER LEURS CASSEROLES pour aller réclamer leurs droits dans la rue. Alors qu’au Togo, on nous demande d’y emmener aussi nos casseroles ? L’idée n’est pas mal.

Je retourne tout simplement dans ma chambre. Un petit plat et une cuillère pour enfant en main pour un mini concert de casseroles ne dépassant pas les limites de mes quatre murs.

Eh oui, je tiens à garder aux yeux du monde extérieur  mon impartialité et toute la neutralité qui est demandé à un journaliste face à l’actualité.

 

Partagez

Commentaires

serge
Répondre

très intéressant, une pratique très commune chez les étudiantes brésiliennes. Elles prennent des conserves, des casseroles, des tambours; tout ce qui peut produire du bruit et descendent dans les rues pour réclamer leurs droits. En génperal, pour faire de la politique il faut innover